BUGATTI ATLANTIC - ARTS DECORATIFS - QUATRE ICONES |
| Quatre icônes Art Déco Bugatti, Jaeger-LeCoultre, Lalique et Ruhlmann par Olivier Thibaud |
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Quatre icônes Art Déco Bugatti, Jaeger-LeCoultre, Lalique et Ruhlmann
Le style Art Déco tire son nom de l'Exposition internationale des Arts Décoratifs et industriels modernes qui se tint à Paris en 1925.
Il a prospéré de 1920 à 1939 - et comme une continuation à l'Art Nouveau d'avant la première Guerre mondiale - l'Art Déco fut un mouvement artistique extrêmement influent surtout dans l'architecture et le design. Ce style concerna en fait plus ou moins toutes les formes d'arts plastiques.
Et si l’on devait lui donner une devise, ce pourrait être : « Quand le beau rejoint l’utile .»
Alors, pour illustrer cette période, nous avons choisi quatre objets emblématiques.
- la Bugatti « Atlantic »
- la montre « Reverso » de Jaeger-LeCoultre (dont on fête les 80 ans)
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Tout d’abord la Bugatti « Atlantic », considérée par d’aucuns comme l’automobile la plus belle de tous les temps. Construite par le célèbre Ettore Bugatti, le dessin est dû son fils Jean qui est à l’origine du prototype « Aérolithe » exposé au Salon automobile de Paris en 1935.
La carrosserie était à l’origine en « Elektron », un alliage extrêmement léger constitué d’aluminium, d’étain et de magnésium. Malheureusement il était hautement inflammable ce qui en interdit le soudage et imposa donc le rivetage. C’est pourquoi l’Aérolithe se trouvait affublée de cette étrange arête dorsale ponctuée de rivets.
Ses lignes, délibérément empruntées à l’aéronautique, en faisaient un archétype de modernité pour l’époque.
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S’ensuivit une série de trois voitures, commercialisées sous le nom « Atlantic » et pour lesquelles on renonça sagement à l’Elektron au profit de l’aluminium.
L’une d’entre s’est vendue l’an passé pour la somme de 40 millions de dollars, ce qui en fait la voiture la plus chère du monde. Elle est provisoirement exposée au Mullin Museum en Californie où elle n’est visible qu’une fois par mois et encore, sur rendez-vous !
Un autre exemplaire, ayant appartenu jusqu’à présent à Nicolas Seydoux (le patron de la compagnie cinématographique Gaumont), a récemment été vendue pour un montant tenu secret à un magnat espagnol de la confection féminine qui tient à garder le secret (vous devinerez néanmoins aisément de qui il s’agit).
Enfin, la troisième et dernière, est la propriété du célèbre styliste américain Ralph Lauren.
Ce dernier a patiemment assemblé une époustouflante collection de voitures qui représente la quintessence de l’esthétique automobile : une véritable histoire du design. !
Et chance, pour ceux qui sont à Paris, le meilleur de cette collection – et par la même la Bugatti Atlantic – est visible rue de Rivoli au musée des Arts décoratifs.
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Des joueurs de polo à l’origine de la « Reverso »…
En ce mois de juin 2011, le célèbre horloger suisse Jaeger-LeCoultre fête les 80 ans d’un autre objet culte : la « Reverso » !
Cette montre – ou plutôt ce garde-temps – est née d’une anecdote digne d’être rapportée.
L'idée originelle naquit en 1930 lors d'un voyage en Inde d'un entrepreneur et homme d'affaires de Lausanne, César de Trey, à qui des joueurs britanniques de polo demandèrent s'il était possible de disposer d'une montre moins délicate pour leurs activités sportives. De retour en Suisse, Trey rapporta l'idée à l'une de ses connaissances, Jacques-David LeCoultre, alors directeur de la Manufacture LeCoultre.
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Il la jugea intéressante et en confia réalisation de la maison horlogère Jaeger à Paris
Le succès commercial et mondain de la Reverso fut immédiat : le maharadjah de Karputala en commanda 50 pièces d’un coup, au dos gravé à son effigie !
Le basculement protecteur du boîtier n'étant plus vraiment justifié, le dos de la montre devient rapidement l'emplacement de toutes sortes de décorations artistiques : émail, gravure, etc. Pourtant, malgré des problèmes d'étanchéité dus à sa conception, le fabricant n’hésitait pas alors de vanter la Reverso comme « la montre idéale aux armées » !
La Reverso a acquis un statut d'icône de l'industrie horlogère, en raison de son mécanisme original qui permet de faire basculer le boîtier à 180 degrés. Après de nombreuses vicissitudes, la Reverso est devenue aujourd'hui un indémodable symbole Art Déco dans l'horlogerie, et l'un des signes les plus visibles de la renaissance de l'industrie horlogère helvétique à la fin du XXème siècle.
La mascotte ou « cocotte », une certaine idée du tunning…
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Mais revenons à l’automobile et à l’époque qui nous intéresse.
Il était de bon ton – dans les années 30 – de personnaliser se voiture en dotant le bouchon de radiateur d’une mascocotte ou « cocotte » : le tunning avant la lettre en quelque sorte !
Messieurs Rolls et Royce étaient outrés de voir certains de leurs clients affubler la calandre de leurs luxueuses voitures d’objets qu’il jugeaient ridicules et grotesques comme un policeman, un homme de couleur, un Mickey Mouse… Ils reprirent donc les choses en main et imposèrent à tous la fameuse « Flyng Lady » pour laquelle posa la secrétaire – par ailleurs maîtresse – de Lord Montagu of Beaulieu qui possédait une Silver Ghost (visible à Beaulieu – GB – lors de l’AutoJumble des 10 et 11 septembre prochains).
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Pour sa part, le très célèbre verrier et cristallier René Lalique s’employa à proposer 27 cocottes à son catalogue.
Ainsi le propriétaire pouvait choisir un moineau, une femme pudiquement dénudée élégamment renversée en arrière, une libellule (thème cher à René Lalique) ou cette très aérodynamique tête de femme dénommée « Victoire » et rééditée aujourd’hui sous forme de presse-papiers…
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Une chaise longue pour « Maharadjah »…
Jacques-émile Ruhlmann est un décorateur et ensemblier français, connu notamment pour la qualité de ses meubles en bois précieux.
Icône de l’Art Déco français, Ruhlmann n’a jamais pratiqué lui-même le métier d’ébéniste, mais il a conçu chacun de ses meubles et en a suivi personnellement l’élaboration et la fabrication.
En 1925, à l’Exposition des Arts Décoratifs, un pavillon tout entier est confié au célèbre décorateur : l’Hôtel du Collectionneur.
En 1929 il crée la chaise-longue « Aux Skis », autrement dite du « Maharadjah ».
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Il faut dire qu’à cette époque la vogue du ski alpin battait son plein (pour gens fortunés s’entend !).
Ce meuble avait en effet réalisé à l’occasion du Salon des Artistes Décorateurs de Paris en 1929, dans le but d’impressionner le jeune et récent couronné Maharadjah d’Indore - qui a bien été séduit, passant sa commande pour un modèle en bois ébène de Macassar…
Le modèle présent est en laque noire, l'assise profilée légèrement galbée, terminée par un repose-pieds cylindrique en métal chromé, les montants d'accotoir rectangulaires plaqués de quatre boutons de commande à gauche, montés sur une platine en métal chromé, reposant sur une structure à mécanisme en bronze chromé, agrémentée d'une poignée à droite permettant l'inclinaison à quatre positions du dossier, reposant sur une base rectangulaire équipée de deux skis formant pieds ; l'assise et le dossier tapissés d'un velours brun.
Le 29 mars dernier, les exceptionnelles collections Art Déco du château de Gourdon étaient dispersées par Christie’s dans les murs du prestigieux Palais de Tokyo à Paris
La chaise longue Aux Skis de Ruhlmann a fait l’objet d’un duel d’enchérisseurs dans la salle avant de glisser vers l’un d’entre eux pour 2 865 000 euros – près de 3 millions ! - un record du monde pour l’artiste alsacien !
(Texte Olivier THIBAUD ; photos Olivier THIBAUD et D.R.)
A voir :
Bugatti Atlantic
La Bugatti Atlantic de Ralph Lauren est visible jusqu’au 29 août au musée des Arts Décoratifs (107, rue de Rivoli à 75001 Paris). http://www.lesartsdecoratifs.fr/
Le plus grand musée automobile du monde
La plus importante collection de Bugatti au monde peut s’admirer à Mulhouse à la Cité de l’Automobile, Musée Schlumpf. Ici pas d’Atlantic, mais deux des six Royale produites dont le coupé Napoléon (véhicule personnel d’Ettore Bugatti). http://www.collection-schlumpf.com
Jaeger-LeCoultre http://www.jaeger-lecoultre.com/eu/fr
Ruhlmann Un site web lui est consacré http://www.ruhlmann.info/
Lalique http://www.musee-lalique.com Lalique a enfin son musée, il ouvre le 2 juillet. Prochain.
La création Lalique est admirée à travers le monde. En France pourtant, aucun musée ne lui était spécifiquement dédié. Cette lacune vient d'être comblée puisqu'un musée Lalique ouvre à Wingen-sur-Moder dans le Bas-Rhin.
Ce choix n'est pas anodin. C'est en effet dans ce village que René Lalique a choisi de construire sa manufacture au lendemain de la Première Guerre mondiale. Située au cœur des Vosges du Nord, région de tradition verrière ancienne, elle est aujourd'hui l'unique lieu de production des œuvres en cristal de la marque.
Le musée est aménagé en respectant l’esprit du lieu par le célèbre architecte Jean-Michel Wilmotte, sur un ancien site verrier en activité aux XVIIIème et XIXème siècles.
Du 2 juillet au 30 septembre : ouverture tous les jours de 10h à 19h
Du 1er octobre au 31 mars 2012 : du mardi au dimanche de 10h à 18h. Si un lundi tombe un jour férié, le musée est ouvert.
Un parcours d'interprétation est également prévu. Il aura pour ambition de faire connaître l'ensemble des composants du site du Hochberg, son bâti, son histoire ainsi que celle des verriers des Vosges du Nord.
Photos : - Bugatti Atlantic de Ralph Lauren - Reverso de Jaeger-LeCoultre - Victoire Lalique - musée Lalique architecture signée Wilmotte - chaise longue « Maharadjah » de Ruhlmann
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© Olivier Thibaud - Carissime - L'Info Automobile - Article publié le 23 06 2011
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