Le Salon Rétromobile, qui s'est tenu au début du mois de février à Paris – Porte de Versailles, a connu dans le même temps trois ventes prestigieuses de voitures anciennes et de collection.
Le jeudi 3 au soir, c'est la maison Chevau-Légers (Maître Gilles Chausselat) qui ouvrait le bal dans le cadre historique des Invalides où venait de se tenir le Festival International Automobile.
Le très célèbre Maître Hervé Poulain (1) poursuivait le lendemain au Salon Rétromobile pour Artcurial
Et le Grand Palais servait le samedi de cadre à Bonhams (Maître Marielle Digard) au bouquet final de ce feu d’artifice d’enchères prestigieuses.
Des instants de magie où la distinction le disputait au charme...
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C'est tout d'abord dans le prolongement de la 26ème Edition du Festival Automobile International, s’est tenue pour la première fois une grande vente aux enchères publiques d’automobiles le 3 février à l'Hôtel des Invalides.
Une soixantaine d’automobiles y étaient présentées avec notamment une exceptionnelle Peugeot 905 EV2.1 dite: “Supercopter” de 1993. Dépassant le million, elle atteindra exactement le prix de 1 029 168 euros. Elle n’a été construite qu’à deux exemplaires dont l'autre restera au musée de la marque à Sochaux.
La liste comprenait également deux Avions Voisin (une Avions Voisin C 25 Cimier de 1935, une autre Avions Voisin C7 classique dite “Lumineuse” de 1925 et dont l’architecte.
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Le Corbusier posséda un modèle) : elle ne trouvèrent pas preneur, les enchères n’atteignant pas le prix de réserve.
Par contre une Bugatti Type 35 « Grand prix de Lyon » 1925 partait pour 314 468 euros tandis qu’une Alfa Romeo TZ de 1965 trouvait preneur à 354 491 euros.
Suivait la vente Artcurial le 4 février sur le site du salon Rétromobile précédée par la vente Automobilia (comprenant entre autres des objets de la collection personnelle de Maître Poulain).
Ainsi, pour 580 000 euros, la Bugatti Type 57 C Atalante de 1937 ayant appartenu à Jérôme Médrano - le propriétaire du cirque éponyme – trouvait preneur.
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Une bonne dizaine de voitures ayant appartenu à des chefs d’états étaient également proposées.
Pour la modique somme de 41 280 euros, c'est l'Aston Martin Lagonda de 1985 ayant appartenu au président gabonais Omar Bongo qui partait. Cette Lagonda apparaît sans aucun doute comme l'une des productions les plus excentriques de Newport Pagnell. A la demande du président Bongo la voiture fût réaménagée par le carrossier Tickford : banquette arrière séparée en deux parties, toit ouvrant en verre teinté, rangements pour les alcools fins aménagés en bois précieux, télévision et magnétoscope à la disposition des passagers arrières. En outre la plupart des éléments chromés avaient été dorés à l'or fin...
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Plus recherchée, la fameuse Simca Présidence V8 Cabriolet de 1960 carrossée par Chapron spécialement commandée pour le président Charles de Gaulle était adjugée pour 118 000 euros. Ce véhicule prestigieux avait était rallongé de 18 cm pour dégager la longueur aux jambes imposée par les cotes personnelles de l'illustre client qui appréciait sur ce point le confort des places arrière de la DS. La capote est bien entendu à commande électrique, ce qui donnera lieu à quelques incidents de fonctionnement du fait de la défaillance de la batterie. (les voitures présidentielles seront ensuite équipées de deux batteries avec un interrupteur général). La séparation équipée d'une glace à commande électrique est surmontée d'une barre de maintien pour l'utilisateur lors des défilés en ville en station debout. Elle comporte un allume-cigare, une montre, le bouton de commande de la glace et deux poignées de maintien.
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Deux strapontins repliables s'y logent. Et les roues reçoivent des enjoliveurs de ... Facel Véga !
La partie mécanique est celle du modèle Présidence de production : un très souple moteur V8 version 84 ch à refroidissement amélioré et boîte manuelle à trois rapports.
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Ne trouvait pas preneur, une réplique de la Lincoln Continental, limousine présidentielle à bord de laquelle le président des états-Unis John F. Kennedy fut assassiné à Dallas le 22 novembre 1963 . Pour les amateurs de performances, le moteur retenu est l'indestructible V8 Ford 430 P.C. (7 litres) apparu en 1958 chez Lincoln, mais abaissé de 350 à 320 ch au bénéfice de la longévité et du silence. Il est associé à une boîte automatique Turbo-Drive à trois rapports. La limousine Continental qui pèse environ 2 500 kg, atteint 182 km/h et accélère de 0 à 100 km/h en 11 secondes !
Et le bouquet final fut offert par la maison Bonhams le samedi 5 dans le cadre illustre de la nef du Grand Palais qui servait jadis de cadre au Salon de l'Automobile.
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Pour 943 000 euros, c'est une pièce de choix qui trouvait preneur : la Bugatti Grand Prix Type 51 Biplace de 1933 ayant appartenu à Fitzroy John Somerset, cinquième Baron Raglan. Ce dernier a laissé le souvenir très vif d'un grand amateur d'automobiles anciennes : il fut la troisième personne seulement à devenir Protecteur du Bugatti Owners' Club (BOC) au Royaume-Uni, après Ettore Bugatti lui-même et l'illustre pilote de compétition, Earl Howe. La dévotion de Lord Raglan pendant toute sa vie à la légendaire marque française fut si intense que les premières lignes de sa nécrologie dans le quotidien national britannique The Guardian commençaient ainsi : “Si l'adoration de Bugatti était une religion, alors ... Lord Raglan - décédé à 82 ans - aurait été son pape.”
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Comme président du Bugatti Owners' Club, il avait fait de son manoir sa basilique et entretenait sa Bugatti Type 51 lui-même afin de lui rendre hommage, après avoir vendu 80 hectares de terre agricole pour l'acquérir...
Pour un prix exceptionnellement élevé – soit 333 500 euros – c'est l'Aston Martin DB2/4 3.0 Litre de 1955 ayant appartenu au Roi des Belges Baudouin qui changeait de mains.
Un prix royal !
Une très belle Delaunay-Belleville 25hp HB6 Landaulette de 1911 Coachwork by Rothschild partait à 287 500 euros
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Pour la petite histoire - constructeur depuis 1904 - Delaunay-Belleville était déjà une firme d'ingénierie respectée, vendant ses machines à vapeur entre autres à la Royal Navy. Dès les débuts, les automobiles de Delaunay-Belleville était de la plus haute qualité et en quelques années sa réputation en faisait l'égale de Daimler, Panhard et Rolls-Royce. Cette Delaunay-Belleville 25 HP est propulsée par un six cylindres en deux blocs de trois de 4,5 litres intégrant le système de lubrification sous pression Delaunay et le carburateur réchauffé par eau. La boîte est à quatre rapports et le châssis arbore une imposante carrosserie Landaulette Rotschild et fils de Levallois-Perret, une compagnie qui fournissait des carrosseries de série pour Panhard et Levassor et Clément-Bayard, ainsi que des carrosseries à l'unité sur des châssis prestigieux.
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Le Tsar Nicolas II posséda lui-même une telle voiture mais dotée d'une particularité voulue pour son confort : elle était dotée de réservoirs à air comprimé qui lui permettaient de rouler en silence – moteur coupé – sous les fenêtres du palais impérial sans troubler le sommeil du souverain !
Dans le genre mégalo était proposé une étonnante moto : la Megola 640 cm3 Type Tourisme de1921-22. Une étonnante moto hybride (thermique-électricité, déjà !) à moteur en étoile (type aviation) : pas d'embrayage, pas de frein sur la roue avant ! Pour six tours de roue, le moteur (à échappement libre !) fait un tour : un système de pignons sert de réducteur. Quasiment inconduisible, elle ne remporta à l'époque qu'un succès mitigé. Estimée entre 145 et 200 000 euros, elle ne trouva pas preneur.
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Et pour finir dans le genre original, une rare mascotte représentant Mickey Mouse (origine britannique de la fin des années 20) partait pour 19 200 euros. Réalisée à la cire perdue en bronze nickelé-argenté, elle figure le célèbre personnage de dessins animés dans son aspect initial, marquée sur la base "Reproduced By Consent of Walter E. Disney" (Reproduit avec l'autorisation de Walter E.Disney).
(1) lire ou relire l'ouvrage savoureux “Le marteau et son maître” de Maître Hervé Poulain.
Commissaire-priseur et gentleman-driver (il a couru à de nombreuses reprises les 24 Heures du Mans), Hervé Poulain co-préside aux destinées de la célèbre maison d'enchères Artcurial dont le siège est situé dans l'illustre hôtel Marcel Dassault, au Rond Point des Champs Elysées à Paris.
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Généraliste de l'art, sensible aux beautés de toutes les époques et de toutes les cultures, ce passionné d'automobile a notamment publié “L'Art et l'automobile” (1973), “L'Art, la femme et l'automobile” (1989), “Mes Pop Cars” (2006).
C'est ainsi qu'Hervé Poulain nous invite à partager, dans leur atelier, l'intimité des des créateurs, Calder, Stella, Lichtenstein, Warhol, Arman, César, Wolinski, qui peignirent ses bolides des 24 Heures du Mans.
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© Olivier THIBAUD (texte & Photos) - Carissime - L'Info Automobile - Article publié le 17 02 2011
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